roman
Au Royaume des Femmes
2007
Fayard (2007)
France-Loisirs (2008)
Joseph Francis Rock, escroc de génie, botaniste, photographe, journaliste, a sauvé des plantes, des livres, une écriture et toute une culture de l'anéantissement. « Il y a quelque chose de perdu par-delà les montagnes. Perdu et qui t’attend. Tu dois partir ! » Botaniste et linguiste de génie, Joseph Francis Rock connaissait sans doute cette injonction de Kipling lorsqu’en 1925, sur la seule foi du récit d’un voyageur-espion et de vieux textes impériaux, il se lança à la recherche d’une montagne plus haute que l’Everest et de l’étrange tribu matriarcale qui, selon la rumeur, occupait encore ses vallées et formait l’ultime vestige du peuple des Amazones. Depuis sa Vienne natale, ce séducteur tortueux, opportuniste mais tourmenté par une incurable soif d’amour, avait déjà bien roulé sa bosse. Entré comme assistant de botanique à l’université d’Hawaï sans rien connaître aux plantes mais faux diplôme en main, il avait réussi, grâce à son authentique talent scientifique, à s’infiltrer à Harvard puis à la célèbre revue National Geographic. Il est parvenu à les embobiner pour qu’ils financent sa long et coûteux voyage vers le mystérieux « Royaume des femmes »... C’est dans cette fabuleuse expédition que nous entraîne Irène Frain, vallées vertigineuses, princes décadents, moines visionnaires, missionnaires intolérants, lamasseries en transes, bibliothécaires cauteleux, collectionneurs de pivoines rares, royaumes figés dans le froid et un temps immuable. Enfin des femmes, occidentales, chinoises ou tibétaines, toutes plus fascinées par l’arrivée du beau Viennois… Entre 1923 et 1926, fidèlement accompagné de ses douze Na-khis, membres d’une ethnie quasi-disparue, il ne renonce à aucune de ses excentricités, même à 4500 mètres d’altitude et par les pires blizzards : baignoire gonflable, pommes de l’Oregon en conserve, bouteilles de grands crus et gramophone pour écouter Don Giovanni… Et quand, au seuil de la montagne, il découvre la vraie nature de la « Reine des Femmes » — et par la même occasion la face de son propre secret — il continue infatigablement à observer, noter, photographier et transmettre en Occident manuscrits en voie de disparition et fleurs uniques, les faisant ainsi échapper aux ravages des guerres qui s’annoncent. Rock devient ainsi « l’homme qui sauva les livres et les plantes », héros d’un roman vrai qu’Irène Frain ressuscite sur le Toit du Monde, dans un récit dont le souffle rappelle Le Nabab et Devi, au coeur d’une réalité si inventive qu’elle ne cesse de surpasser la fiction.