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PORTRAIT DE CATHERINE CLEMENT
Le 18 janvier 2011
Portrait de Catherine CLEMENT ( réalisé en février 2010 )
La jungle littéraire est un immense réservoir de biodiversité. A côté de grandes espèces aisément identifiables, auteurs de romans roses, as du polar, maniaques de l’autofiction ou virtuoses de la grande fresque historique, on y croise aussi des écrivains bien plus difficiles à classer. Protéiformes, plastiques, constamment mutants. Telle est Catherine Clément : un seul œil à sa bibliographie et on sait qu’on a affaire à un de ces caméléons. En une vingtaine d’essais, cette agrégée de philo qui parle le Lacan et l’Althusser comme vous fredonnez les chansons de Mika a abordé de sa plume pédagogue les sujets les plus divers. L’opéra, la psychanalyse, la tauromachie, Sollers, les Dogons, le structuralisme, la télévision française, la féminité, l’écologie, l’insomnie, la sainteté, la folie, et j’en passe… Une véritable Samaritaine culturelle où on est sûr, à un rayon ou à un autre, de trouver ce qu’on cherche, d’autant plus facilement que ces ouvrages sont souvent devenus des classiques constamment réédités.
Mais Catherine Clément pratique aussi l’art de la métamorphose des genres. Entre deux essais, les sessions du jury « Livre-Inter » qu’elle préside cette année et ses émissions à France-Culture dont elle est l’une des grandes prêtresses, elle a absolument besoin d’une récréation fictionnelle. Freud, Hannah Arendt, Lady Mountbatten, Sissi et même Jésus, même appétit pour la variété des sujets. Impérieuse propension au transformisme romanesque qui la pousse parfois à revêtir le plumage de ses héros, tandis que son ordi, lui, en retranscrit le ramage…
Rien qui doive étonner: toute grande intello qu’on la croie, le fond de sa nature, c’est le farfelu. A preuve, l’argument de son dernier et sautillant roman, « Dix mille guitares » ( Seuil ) : un rhinocéros indien nous y raconte l’épopée des Habsbourg et la passion de la reine Christine pour le philosophe Descartes. Une instance narrative en forme de périssodactyle mâle, il fallait tout de même y penser! Et quand on lui parle d’inspiration burlesque, pour ne pas dire brindezingue, loin d’exploser de colère, Catherine Clément part d’un rire impérial et truculent, à l’image même des dialogues de son roman. Et assume jovialement: « Et alors ? L’Inde qui m’a appris la profondeur et la sagesse qu’il y a dans le saugrenu! Mieux que le yoga ! Et pourtant, des asanas, j’en faisais une heure par jour… »
Puis elle vous dévide dans la foulée toutes les expériences de loufoquerie qui ont jalonné ses séjours sur la terre de Gandhi. Des moments qui l’ont définitivement convaincue que, sans une bonne louche d’extravagance, la vie ne mérite pas d’être vécue. Ainsi, lorsque le Maharadjah de Bénarès, par amour de la France, lui a demandé de peindre une Tour Eiffel tricolore sur le ventre de son éléphant, elle l’a fait sans ciller. Et en 2010, sans davantage d’états d’âme, elle a décidé d’adopter une vache sacrée, lui a donné le nom de sa mère défunte, et l’élève à ses frais, à distance, dans ferme bio des fins fonds du Nord de l’Inde. Sans trop savoir pourquoi, puisqu’elle est athée…
Ne rien se refuser, ni dans ses écrits ni dans sa vie, telle est donc la devise de cette caméléonne. Et tant pis si ça dérange le monde : ça a au moins le mérite de changer des textes hyper-formatés qui envahissent les têtes de gondole de nos librairies. En offrant à chaque fois aux lecteurs la promesse d’un nouveau suspense. Parce qu’après le rhinocéros, Catherine Clément, dans son prochain roman, elle va se transformer en quoi ?
La jungle littéraire est un immense réservoir de biodiversité. A côté de grandes espèces aisément identifiables, auteurs de romans roses, as du polar, maniaques de l’autofiction ou virtuoses de la grande fresque historique, on y croise aussi des écrivains bien plus difficiles à classer. Protéiformes, plastiques, constamment mutants. Telle est Catherine Clément : un seul œil à sa bibliographie et on sait qu’on a affaire à un de ces caméléons. En une vingtaine d’essais, cette agrégée de philo qui parle le Lacan et l’Althusser comme vous fredonnez les chansons de Mika a abordé de sa plume pédagogue les sujets les plus divers. L’opéra, la psychanalyse, la tauromachie, Sollers, les Dogons, le structuralisme, la télévision française, la féminité, l’écologie, l’insomnie, la sainteté, la folie, et j’en passe… Une véritable Samaritaine culturelle où on est sûr, à un rayon ou à un autre, de trouver ce qu’on cherche, d’autant plus facilement que ces ouvrages sont souvent devenus des classiques constamment réédités.
Mais Catherine Clément pratique aussi l’art de la métamorphose des genres. Entre deux essais, les sessions du jury « Livre-Inter » qu’elle préside cette année et ses émissions à France-Culture dont elle est l’une des grandes prêtresses, elle a absolument besoin d’une récréation fictionnelle. Freud, Hannah Arendt, Lady Mountbatten, Sissi et même Jésus, même appétit pour la variété des sujets. Impérieuse propension au transformisme romanesque qui la pousse parfois à revêtir le plumage de ses héros, tandis que son ordi, lui, en retranscrit le ramage…
Rien qui doive étonner: toute grande intello qu’on la croie, le fond de sa nature, c’est le farfelu. A preuve, l’argument de son dernier et sautillant roman, « Dix mille guitares » ( Seuil ) : un rhinocéros indien nous y raconte l’épopée des Habsbourg et la passion de la reine Christine pour le philosophe Descartes. Une instance narrative en forme de périssodactyle mâle, il fallait tout de même y penser! Et quand on lui parle d’inspiration burlesque, pour ne pas dire brindezingue, loin d’exploser de colère, Catherine Clément part d’un rire impérial et truculent, à l’image même des dialogues de son roman. Et assume jovialement: « Et alors ? L’Inde qui m’a appris la profondeur et la sagesse qu’il y a dans le saugrenu! Mieux que le yoga ! Et pourtant, des asanas, j’en faisais une heure par jour… »
Puis elle vous dévide dans la foulée toutes les expériences de loufoquerie qui ont jalonné ses séjours sur la terre de Gandhi. Des moments qui l’ont définitivement convaincue que, sans une bonne louche d’extravagance, la vie ne mérite pas d’être vécue. Ainsi, lorsque le Maharadjah de Bénarès, par amour de la France, lui a demandé de peindre une Tour Eiffel tricolore sur le ventre de son éléphant, elle l’a fait sans ciller. Et en 2010, sans davantage d’états d’âme, elle a décidé d’adopter une vache sacrée, lui a donné le nom de sa mère défunte, et l’élève à ses frais, à distance, dans ferme bio des fins fonds du Nord de l’Inde. Sans trop savoir pourquoi, puisqu’elle est athée…
Ne rien se refuser, ni dans ses écrits ni dans sa vie, telle est donc la devise de cette caméléonne. Et tant pis si ça dérange le monde : ça a au moins le mérite de changer des textes hyper-formatés qui envahissent les têtes de gondole de nos librairies. En offrant à chaque fois aux lecteurs la promesse d’un nouveau suspense. Parce qu’après le rhinocéros, Catherine Clément, dans son prochain roman, elle va se transformer en quoi ?