Mes articles
Psycho magazine, Livre du thé, mon livre de chevet
Le 01 juin 2007
Il me suit depuis des années. Nulle occasion particulière ne me conduit à le rouvrir et j’ai fini par m’habituer au mouvement irrationnel qui me pousse à le feuilleter et me fixer, selon le jour, l’heure et mon humeur, à telle page plutôt que telle autre ; puis à me laisser envoûter, toutes affaires cessantes, par le charme infini de ce Livre du Thé. De son auteur, le japonais Okakura Kakuzo, je ne sais rien de plus que les indications fournies par la notice de l’éditeur : né en 1862, mort en 1913, cet esthète raffiné, défenseur ardent des traditions nippones et excellent connaisseur de l’Occident, passa sa vie à faire dialoguer l’Est et l’Ouest, quand il ne fut pas à admirer le calice des pivoines, écouter le vent dans les pins ou préméditer, dans le silence d’une « chambre de thé » des instants de pure beauté. C’est pour me ménager, comme lui, de ces moments parfaits, que je rouvre régulièrement ce petit livre enchanteur. J’en approche ma théière. Tandis que la chaleur s’enfuit de ses flancs, je crois capturer, au fil des pages, le reflet de l’éternité. Puis, comme toujours, je repose le livre et m’en retourne d’un pas plus sûr vers le tumulte du monde. Une fois de plus, la grâce est passée.