C’était début juin. De passage à Paris avant d’aller retrouver l’exil en Suède, Taslima s’apprêtait à recevoir le Prix Simone de Beauvoir des mains de Rama Yade et de Julia Kristeva. Je l’interviewais pour Paris-Match. Et un Canadien filmait Taslima se faire filmer tandis que je l’interviewais. Ca donnait un peu dans le pirandellien. Et ç’aurait pu être cocasse, si l’histoire racontée par Taslima n’avait été atroce : comment, mine de rien, en novembre 2007, elle s’est retrouvée assignée à résidence, sans contact avec le monde extérieur, par le gouvernement indien qui jusque là l’avait protégée des menaces de l’intégrisme musulman. Chronique d’un exil annoncé. L’Inde est la plus grande démocratie du monde, n’empêche : j’en ai eu froid dans le dos.