Blog
Saint-Patrick avec Patrick MAHE
Posté le 11 mars 2008
Patrick Mahé est un Breton fervent. Mieux, ce qui le passionne dans la Bretagne, c’est l’unité. Le dialogue, l’échange, la complicité, la créativité, la communion. Tout sauf la division — ce mal ravageur et sournois qui nous dévaste si souvent. Je l’ai connu à « Paris-Match ». C’est lui qui m’a confié l’un de mes premiers papiers, sur la vogue du maillot de bains une-pièce. Le prétexte, c’était la princesse Stéphanie, qui les avait relancés. Mais l’objet réel de l’article, c’était la nouvelle façon dont, en ce milieu des années 80, les femmes voulaient vivre leur corps : santé, sport, élégance tout ensemble. Patrick avait anticipé l’évolution des news-magazines. Des lecteurs voudraient bien du léger, oui, mais à condition d’y trouver du fond. De quoi décoder l’époque. Du décryptage, comme on dit désormais. Nous étions sur la même longueur d’ondes. Entre nous, du coup, la complicité fut immédiate. Ponctuée de fous rires, et jamais démentie. Notre coup le plus fumant, ce fut quand il me confia l’interview du président du Brésil. A réaliser dans le quart d’heure. Je n’avais jamais mis les pieds au Brésil. Piaillements :« Non, là, Patrick, c’est impossible, je n’y connais rien, le peu que je sais sur ce pays remonte à mon bac ! ». Immuablement cool, Patrick résiste : « Branchez donc le Président sur Ayrton Senna, ensuite ça ira tout seul… » Mais ce jour-là, je suis vraiment décidée à faire de la résistance :« Enfin, Patrick, vous ne vous rendez pas compte ! Ayrton Senna ! Je ne connais rien au football… »
Ma réplique est entrée dans le best-of « Paris-Match »… Et a formé le sceau notre amitié. Je ne manque jamais de souhaiter sa fête à Patrick Mahé. Donc quand j’ai lu le « Saint-Patrick » qu’il vient de publier chez Hoëbeke, j’ai voulu saluer cet excellent petit opus consacré à son saint patron — on y apprend tout sur l’histoire et la légende de l’évangélisateur de l’Irlande, en plus des superstitions, rituels et fiestas qui, d’Australie aux USA et à la Bretagne, s’attachent à sa célébration. On est donc allés au « James Joyce », authentique pub irlandais installé à Paris à l’ombre du Palais des Congrès. Mais souci : je n’aime ni le whisky, ni la bière. J’ai pourtant fait comme pour le Président du Brésil : passé outre ! Et consenti à tremper le museau dans le « lait noir » d’une bonne Guiness. Qu’est-ce qu’on ne ferait pas pour Patrick !

© Copyright 2023 Irène Frain.