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L'ALLEGRESSE DE LA FEMME SOLITAIRE/ LA PROVENCE
Le 21 ao�t 2022
Très bel article de Jean-Rémi BARLAND dans LA PROVENCE de ce week-end, en avant-première du Salon du Pays d'Aix où se rendra Irène le 3 et 4 septembre prochain.
A lire ci-dessous.
Grand merci à lui.
C’est un livre de grand vent, de parfums exotiques, d’îles habillées de rêves d’horizons lointains à conquérir. Un livre de paix, de voyages de départs réussis et de retours flamboyants. Un roman choral où se font entendre des voix emplies de compassion toutes racontant à leur manière le destin incroyable d’une femme, sorte de Robinsonne d’une île sauvage située au large de Los Angeles et Santa Barbara. On l’a surnommée la "femme solitaire", elle est au centre du motif, celle vers qui convergent tous les regards, héroïne sans l’avoir voulu d’une saga à la fois historique, ethnologique et linguistique.
Nous sommes fin août 1853. Une goélette commandée par le capitaine Georges Nidever jette l’ancre dans un port californien. À son bord une inconnue, ultime représentante d’un peuple immémorial, abandonnée dix-huit ans plus tôt sur un coin de terre, (elle serait restée sur l’île pour sauver son bébé alors que les membres de sa tribu étaient déportés sur le continent), chantant et dansant, ne s’exprimant que par signes, sa langue étant incompréhensible. Homme bon et juste, le docteur J.B. Shaw, régisseur de l’île de Santa Cruz, longtemps médecin des corps, et désormais guérisseur des âmes à la tête d’un petit empire immobilier, va nouer avec elle un lien très fort. Alors qu’il tente de déchiffrer sa langue, il s’interroge sur ce qu’elle a vécu et voit des clans se formant dans la ville menacer sa survie.
Son combat pour son intégrité se confond en fait avec celui d’Irène Frain, autrice de ce roman solaire et généreux, romancière défenseuse des peuples opprimés, au chevet des femmes bafouées, des êtres privés de dignité. Dans un style éblouissant, qui se garde de tout propos sommaire, elle fait surgir comme témoins à charge ou à décharge de l’infortune de la "femme solitaire" et comme jurés au service de son harmonie recouvrée, des personnages parfois cabossés, louches, tendres sous des allures de brutes, tous proches de Shaw. Citons à la barre, le juge Fernald, l’un des hommes les plus informés du pays, dont James aime tout, "les façons directes, la blondeur, les yeux pâles, la vivacité, la jeunesse" jusqu’à son nom. Sparks, qui avait perdu son œil droit lors d’une chasse au grizzli ; Maguire, un roux aussi aveugle que grossier dans ses manières de signifier son pouvoir qui, détestant être roux s’était teint en blond d’un jaune filasse - d’où le surnom qu’on lui avait trouvé : "le Ranchero blond". Ou encore Juan Hernandez, contremaître dont le frère avait été emporté par une lame de fond ; Sinforosa, hôtesse accueillante et le Padre González, franciscain un rien déjanté qui apparaissent aussi dans cette plongée au coeur d’une vie réelle repensée à l’aune du romanesque.
Un personnage réel
Beau roman sobre, L’allégresse de la femme solitaire évoque de façon fragmentée un personnage réel, enterré à Santa Barbara sous le nom de Juana Maria dont la vie est devenue un mythe aux yeux de bon nombre de gens. Irène Frain précise qu’en 1960, la légende de la femme solitaire connaît une spectaculaire embellie lorsque Scott O’Dell, un journaliste- caméraman, s’empare d’elle et écrit un roman destiné à la jeunesse intitulé L’île des dauphins bleus, toujours étudié dans l’équivalent des classes de CM1 et CM2 des écoles américaines.
"Quand la légende est plus belle que la réalité, imprimez la légende !", est-il dit dans le film "L’homme qui tua Liberty Valance". C’est en substance ce qu’a fait Irène Frain dans ce roman exemplaire.
A lire ci-dessous.
Grand merci à lui.
C’est un livre de grand vent, de parfums exotiques, d’îles habillées de rêves d’horizons lointains à conquérir. Un livre de paix, de voyages de départs réussis et de retours flamboyants. Un roman choral où se font entendre des voix emplies de compassion toutes racontant à leur manière le destin incroyable d’une femme, sorte de Robinsonne d’une île sauvage située au large de Los Angeles et Santa Barbara. On l’a surnommée la "femme solitaire", elle est au centre du motif, celle vers qui convergent tous les regards, héroïne sans l’avoir voulu d’une saga à la fois historique, ethnologique et linguistique.
Nous sommes fin août 1853. Une goélette commandée par le capitaine Georges Nidever jette l’ancre dans un port californien. À son bord une inconnue, ultime représentante d’un peuple immémorial, abandonnée dix-huit ans plus tôt sur un coin de terre, (elle serait restée sur l’île pour sauver son bébé alors que les membres de sa tribu étaient déportés sur le continent), chantant et dansant, ne s’exprimant que par signes, sa langue étant incompréhensible. Homme bon et juste, le docteur J.B. Shaw, régisseur de l’île de Santa Cruz, longtemps médecin des corps, et désormais guérisseur des âmes à la tête d’un petit empire immobilier, va nouer avec elle un lien très fort. Alors qu’il tente de déchiffrer sa langue, il s’interroge sur ce qu’elle a vécu et voit des clans se formant dans la ville menacer sa survie.
Son combat pour son intégrité se confond en fait avec celui d’Irène Frain, autrice de ce roman solaire et généreux, romancière défenseuse des peuples opprimés, au chevet des femmes bafouées, des êtres privés de dignité. Dans un style éblouissant, qui se garde de tout propos sommaire, elle fait surgir comme témoins à charge ou à décharge de l’infortune de la "femme solitaire" et comme jurés au service de son harmonie recouvrée, des personnages parfois cabossés, louches, tendres sous des allures de brutes, tous proches de Shaw. Citons à la barre, le juge Fernald, l’un des hommes les plus informés du pays, dont James aime tout, "les façons directes, la blondeur, les yeux pâles, la vivacité, la jeunesse" jusqu’à son nom. Sparks, qui avait perdu son œil droit lors d’une chasse au grizzli ; Maguire, un roux aussi aveugle que grossier dans ses manières de signifier son pouvoir qui, détestant être roux s’était teint en blond d’un jaune filasse - d’où le surnom qu’on lui avait trouvé : "le Ranchero blond". Ou encore Juan Hernandez, contremaître dont le frère avait été emporté par une lame de fond ; Sinforosa, hôtesse accueillante et le Padre González, franciscain un rien déjanté qui apparaissent aussi dans cette plongée au coeur d’une vie réelle repensée à l’aune du romanesque.
Un personnage réel
Beau roman sobre, L’allégresse de la femme solitaire évoque de façon fragmentée un personnage réel, enterré à Santa Barbara sous le nom de Juana Maria dont la vie est devenue un mythe aux yeux de bon nombre de gens. Irène Frain précise qu’en 1960, la légende de la femme solitaire connaît une spectaculaire embellie lorsque Scott O’Dell, un journaliste- caméraman, s’empare d’elle et écrit un roman destiné à la jeunesse intitulé L’île des dauphins bleus, toujours étudié dans l’équivalent des classes de CM1 et CM2 des écoles américaines.
"Quand la légende est plus belle que la réalité, imprimez la légende !", est-il dit dans le film "L’homme qui tua Liberty Valance". C’est en substance ce qu’a fait Irène Frain dans ce roman exemplaire.